Festival d'Avignon 2023 - Délicieusement scandaleuses : Interview avec Noémie (miss Birdy et Maryz (Madame Kat)

Bonjour Maryz, bonjour Noémie,

Merci de nous accorder un peu de votre temps pour cette interview !

Nous pouvons vous retrouver actuellement sur scène, chaque soir à 22h 15, au théâtre Le Cabestan, dans le cadre du festival d’Avignon, avec la pièce « Délicieusement scandaleuses ». Sans doute est-ce là une grande joie pour vous deux ?

Noémie : Tout à fait ! C’est une première pour moi, c’est une aventure, c’est un plongeon dans l’inconnu, avec toutes les envies d’investissement. On y va corps et âme, on donne tout pour que ça marche, pour partager avec les gens. Cela crée vraiment une dynamique entre le public et nous, il y a tellement de liens, de connexions toute la journée et tous les soirs au théâtre, que ça crée un échange. Notre spectacle étant vraiment axé là-dessus, cela le fait d’autant plus vivre, cela augmente le partage, l’échange, le rire, le lâcher-prise ensemble. C’est vraiment une aventure hors du commun, à tous les niveaux. Chaque cellule de notre corps la vit pendant un mois, c’est un bonheur !

Maryz : Moi qui suis aussi, depuis quelques années, du côté de la production avec ce spectacle, tout comme à l’écriture et à la conceptualisation, c’est surtout beaucoup d’efforts, de sacrifices et d’investissement. C’est une belle aventure humaine et, surtout, Avignon est, pour moi, l’école de l’humilité. On remet son labeur tous les jours sur la table, c’est aussi une façon de perfectionner son jeu de scène, le contact avec le public et, surtout, les effets que produit le spectacle. Le sujet est quand même un sujet particulier, il traite de l’intime et donc on a nommé cela le musical théâtral comico-coquin, qui traite d’un sujet peut-être encore tabou, qui n’est pas facile, je dirais, à proposer au grand public, même aux professionnels. Souvent, il y a des croyances ou des aprioris mais on a surtout cherché à rendre le sujet accessible, presque éducatif, et sensuel, avec l’idée de redonner de l’honneur, du courage, des sentiments et du plaisir. C’est tout un programme ! C’est un spectacle que l’on a décidé, à présent, à partir de l’âge de 14 ans. Cela peut permettre aussi de susciter des questionnements et un débat, en famille, avec les ados, pour déclencher alors un dialogue.

Plus globalement, quels principaux retours avez-vous des spectateurs à l’issue des représentations ?

Maryz : On peut avoir des couples, des jeunes ados, des séniors, des bandes de copains de plus en plus jeunes, c’est en tout cas vraiment intergénérationnel. Selon la génération qui vient, en quelque sorte, « consulter » le spectacle, et selon leur cadre de référence, les réactions sont toujours plutôt joyeuses. On nous dit que c’est un spectacle qui devrait être remboursé par la sécurité sociale, le public ressort avec le sourire jusqu’aux oreilles.

Noémie : Il y a plus d’ouverture, après, en eux parce qu’ils ont parlé d’un sujet qui, parfois, même si les gens sont décomplexés, peut rester caché ou réservé à la sphère du conjoint, voire des amis proches. Là, de mettre des mots aussi francs mais tout en subtilité, donc sans gêne, sur ce sujet quand même assez important pour la majorité des gens, ça permet du coup de laisser circuler une énergie parfois cachée car vite tabou ou honteuse, surtout si elle est assumée. Les gens se sentent plus à l’aise, ils repartent comme entre amis, comme à la maison, d’avoir échangé sur un sujet aussi intime, mais sans être ni dans le médical, ni dans le secret, juste en s’amusant.

Maryz : En fait, c’est aussi décomplexer toute la croyance qu’il peut y avoir autour de l’intime. Pourquoi a-t-on choisi d’évoquer ce sujet dans le spectacle ? C’est que c’est un sujet universel, comme la foi ou la religion, c’est un sujet que tout le monde peut vivre ou pas, du coup ça permet de le désacraliser, tout en redonnant cette notion de noblesse, par rapport à l’érotisme et la sensualité. Surtout, on voulait s’éloigner aussi du discours ambiant que l’on retrouve sur les vidéos du net, où des jeunes, même parfois des adultes, vont pouvoir se perdre. Ce n’est pas un jugement de valeur, c’est un code qui s’est vraiment imposé à nous pour, justement, ramener une notion de beauté et de sensualité. Ce pourquoi nous avons ce décorum baroque, du XVIIIème ou XVIème siècle.

Comme le sujet est un sujet intarissable pour moi, c’est le chapitre I d’une trilogie. Tout cela pour dire qu’il y a encore de la matière à explorer et à raconter.

Noémie : Si on devait résumer le spectacle en une phrase, je dirais, ce n’est pas dit dedans mais c’est montré, que vous avez le droit d’aimer et de ressentir ou pas.

Chacune, pourriez-vous nous présenter votre personnage et ce qu’il défend tout au long de ce spectacle ?

Noémie : Je suis Misse Birdy, je suis la plus jeune de ces trois générations de femmes, je suis la plus joviale, pétillante – non pas que les autres ne le soient pas-, dans le sens canaille, à se laisser un peu emporter par sa spontanéité, son envie de toujours découvrir. Elle est toujours partante pour tout, du coup elle va un peu loin parfois, elle fait un peu des bêtises. Mais toujours dans ce cadre sécurisant, où Madame Kat va lui apprendre à garder cette élégance, aussi cette maitrise de soi. Birdy s’amuse beaucoup, tout le temps, elle rigole, elle va titiller les gens, elle va les chercher dans leurs recoins, qui sont un peu stagnants, elle va secouer un peu la pulpe chez chacun, en étant clownesque. Ça passe toujours bien parce que c’est systématiquement dans la tendresse et la taquinerie, jamais dans la vulgarité ou la provocation.

Maryz : On peut dire que son personnage est clownesque, au niveau du jeu théâtral c’est l’aspect burlesque du spectacle. Et puis, effectivement, comme ce sont trois générations de femmes, Madame Kat représente la love-coach, celle qui va divulguer les leçons, qui va ponctuer un petit peu la voute de ce spectacle sur les notions que l’on va représenter, soit d’apprentissage, soit de conduite, quelque part, des jeux. Du coup, Madame Kat est la doyenne du boudoir.

Pour terminer, que peut-on vous souhaiter d’ici au 29 juillet prochain ?

Maryz : Avignon est une vitrine, c’est le catalogue du spectacle pour les professionnels comme pour les artistes. Du coup, on peut nous souhaiter que le bouche à oreilles continue à fonctionner, que les professionnels continuent à venir voir le spectacle, que la salle soit remplie. Après, notre deuxième objectif serait d’aller faire une scène nationale parisienne.

Noémie : En revanche, à contrario, ce qu’on n’a pas à nous souhaiter, c’est que ça plaise aux gens et que ça leur fasse plaisir parce que c’est déjà le casJ. Tous les spectateurs, après le spectacle, nous disent que ça leur a plu. Même certains nous ont « remerciés de distribuer du bonheur ». Je pense que ça ne peut être que du positif pour la suiteJ.

Merci à toutes les deux pour ce bel échange !